Votations du 29 novembre
Quelques réflexions

Christa Calpini, pharmacienne, ancienne députée au Grand Conseil VD | Depuis des semaines, je me demande ce que je vais bien pouvoir écrire au soir de ce 29 novembre et ceci plus particulièrement au sujet de l’initiative « Entreprises responsables pour protéger l’être humain et l’environnement ». En effet, je ne me souviens pas d’avoir vécu une campagne d’une telle virulence, empreinte de fausses informations, d’actions bizarres et de propos parfois haineux. Au départ, comme beaucoup de monde, j’ai vu ces drapeaux orange avec le texte « Initiative multinationales responsables OUI ! » et y adhérais. Personne ne peut cautionner ceux qui polluent des rivières, expulsent des paysans de leurs terres, vendent des pesticides toxiques ou font travailler des enfants. Ces actes sont intolérables et doivent être sanctionnés. Pour en savoir plus, je me suis penchée sur le texte soumis au vote. J’y ai passé du temps et n’étant pas juriste, ne suis toujours pas certaine d’en avoir compris toutes les subtilités. Ce dont je suis sûre, est que le mot « multinationales » n’y figure pas. Etonnant puisque ce sont elles que l’argumentaire dit viser ! Ce sont les « entreprises » et elles seules qui sont citées une dizaine de fois. Si je résume, j’aurais voté OUI aux arguments des initiants et NON au texte soumis qui n’en est pas le reflet. Oui, les entreprises de siège en Suisse doivent être dénoncées devant nos tribunaux pour leurs méfaits, ici et ailleurs. Par contre, exiger que des firmes domiciliées à l’étranger et sans activité dans notre pays soient déférées devant nos juges, est irréaliste. Cet excès de zèle explique en partie le NON dans l’urne de ce dimanche. Mais gardons le positif : le débat de ces derniers mois aura mis en lumière que les droits humains et l’environnement ne sont pas des choses négociables et que le combat pour les faire respecter doit continuer : 50,7% des votants ont soutenu l’initiative qui a échoué parce que la majorité des cantons n’a pas été atteinte. Le contre-projet à l’initiative peut ainsi entrer en vigueur immédiatement. C’est une loi déjà votée par le parlement et qui pourra évoluer au fil des besoins et des constats. Nos instances dirigeantes en tiendront compte et c’est réjouissant. Pour terminer sur ce sujet, j’aimerais dire que le cliché « gentilles ONG » contre « méchantes multinationales » n’a pas de sens. Les populations des pays concernés ont besoin des deux. Les entreprises doivent collaborer avec les ONG et autorités locales (la plupart le font très bien et parfois dans des pays instables et risqués). C’est en donnant des possibilités de travail aux populations qu’on peut les sortir de la misère. Quant au deuxième objet, à savoir l’initiative pour interdire le financement du matériel de guerre, il a nettement été rejeté à 57,5 % des voix. Le texte exigeait que la Banque nationale suisse (BNS), les fondations et les caisses de pension étatiques et professionnelles ne puissent plus financer les producteurs de matériel de guerre. Cerise sur le gâteau, la Confédération aurait dû travailler au niveau national et international pour s’assurer que les mêmes conditions s’appliquent aux banques et aux compagnies d’assurance. Que d’utopie et de complications bureaucratiques inutiles ! Depuis 1982, le Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) mène sa guerre pour arriver à ses fins et a toujours une initiative ou l’autre dans sa poche. Ironie du sort, dans la presse de ce dimanche 29 novembre, on apprend que l’Armée recherche de nouveaux sites. En effet, 1000 recrues supplémentaires, soit 12’000 au total sont attendues pour effectuer l’école de recrues en 2021. Chômage, projets de voyages ou d’études à l’étranger reportés, envie d’actions solidaires … bien des jeunes préfèrent être occupés en ces temps difficiles et c’est tant mieux. En plus d’assurer notre sécurité, l’Armée est toujours présente pour aider les cantons lors de catastrophes et parfois de pandémie. Merci à elle !