Voile – Cyril Coulot : le défi fou du rugbyman devenu navigateur !
La traversée de l’Atlantique, sans assistance, ni communication avec la terre, sur un voilier de 6.50m.

Eric Moser | A 36 ans, le Pulliéran Cyril Coulot se lance un nouveau défi après avoir dû mettre un terme à sa carrière de rugbyman international en 2007 à la suite de commotions cérébrales à répétition. Il n’y va pas par le dos de la cuillère. Le néophyte dans le monde de la navigation s’attaquera l’année prochaine à la Mini Transat: la traversée de l’Atlantique, sans assistance, ni communication avec la terre, sur un voilier de 6.50m.
Un Pulliéran qui va traverser l’Atlantique sur une minuscule embarcation en 2023, le fait est assez exceptionnel pour que les différents médias du canton, et d’ailleurs, s’arrachent Cyril Coulot pour aborder le projet de son aventure. Le Courrier aussi. Rendez-vous est donc pris avec lui au port de Pully. Quel autre endroit aurait été possible ? « Je crois que c’est avec vous que j’ai rendez-vous ». C’est ainsi que commence cette rencontre. L’homme est bien habillé, élégant. Derrière ses lunettes rondes, il n’a rien à voir avec l’idée que l’on peut se faire d’un marin style Capitaine Haddock ou d’un rugbyman à l’image de Sébastien Chabal. Rapidement, après une seule question, on se rend compte que le navigateur en herbe est passionné. Conscient aussi de la « folie » de son projet. Il suffit d’une seule question pour qu’il se mette à narrer, avec passion, ses débuts dans le monde de la voile et le parcours qui l’a amené à vouloir se
lancer dans cette aventure.
Une carrière de rugbyman brisée par les blessures !
En 2007, le Pulliéran, alors membre de l’équipe nationale de rugby, doit mettre un terme à sa carrière. Des commotions cérébrales à répétition ont eu raison de sa passion. Du jour au lendemain, sans plus aucune période de préparation, ni entraînement et surtout sans compétition, Cyril Coulot a soudainement un grand vide et beaucoup de temps à disposition. Afin de l’occuper, il essaye une chose, puis une autre, jusqu’à ce que l’illumination prenne naissance dans les paroles de l’une de ses amies. « Elle m’a demandé pourquoi je n’irai pas faire de la voile et m’a parlé de la plus grande école d’Europe: Les Glénans ». A ce moment-là, Cyril Coulot se dit pourquoi pas ? Il s’inscrit et part au mois de septembre 2018. « Ça a été une vraie révélation. Le sentiment de liberté, de ressentir le vent, le soleil, le chaud, etc… Cela m’a vraiment transporté ». De retour chez lui, l’ancien rugbyman est conscient qu’il a pratiqué dans des conditions idéales certes, mais pas forcément représentatives de ce que peuvent rencontrer les marins. Il s’inscrit donc pour un second stage, au mois de novembre, en Bretagne, à Paimpol. « Je n’ai pas été déçu. Il a fait un temps dégueulasse toute la semaine ». L’homme n’est pas découragé par cette seconde expérience. Au contraire, il en est subjugué. « Je me suis dit : OK, je veux apprendre à naviguer. C’est sûr, je veux continuer là-dedans ».
Une rencontre qui le lance dans un projet fou
Afin de ne pas naviguer uniquement pendant ses vacances, du fait de la distance qui sépare notre région de la mer, Cyril Coulot s’inscrit au CUST à Lausanne. Il y fera une rencontre qui le décidera à se lancer dans son projet. « J’y ai rencontré un entraîneur deux fois. Il m’a expliqué qu’il allait participer à la Mini Transat, et m’explique que c’est la traversée de l’Atlantique en solitaire ». Nous sommes alors en 2019 et, en septembre de cette même année, le Pulliéran repart en stage du côté de Lorient. « Pour accéder au port, on remonte la rade, puis on arrive dans une immense zone pleine de bunkers construits par les Allemands. Toute cette friche industrielle a été reconvertie en pôle de course au large. C’est vraiment la Mecque ! ».
Sur les pontons, il croise par hasard son entraîneur du CUST qui lui explique qu’il s’apprête à prendre le départ de la Mini Transat et lui propose d’aller voir son bateau. « En y arrivant, je vois une coquille de noix de 6.50m. Je me demande alors si c’est sérieux que des concurrents vont traverser l’Atlantique avec ça ? Je glisse la tête à l’intérieur. Niveau confort, c’est zéro. Il n’y a même pas de couchette. C’est comme cela que je m’imaginais une navette spatiale ». Impressionné, le Pulliéran, homme de défis, se dit que c’est un projet qu’il fera dans sa vie.
Septembre 2020, l’aventure commence !
La Covid passant par-là, Cyril Coulot perd son emploi. Il avait gardé la Mini Transat dans un coin de sa tête et se dit que c’est l’occasion de se consacrer à ce projet. Son entraîneur du CUST l’oriente vers François Jambou, vainqueur de la dernière édition. Ce dernier l’aide à trouver un bateau. Le navigateur en herbe traverse alors la France en plein confinement avec son père qui tenait absolument à l’accompagner. Après avoir vu l’embarcation en question, le Pulliéran est en plein doute. Son père le rassure et le convainc de se lancer. En janvier 2021, Cyril Coulot a son bateau. La livraison est sommaire. « On m’a dit : tiens, voilà, ça c’est ton bateau, bonne chance ! ». Alors qu’il n’avait navigué qu’une seule fois en solitaire et sur le lac, le Pulliéran prend la mer avec son bateau de course pour la première fois. « Qu’on se le dise, j’étais terrorisé lors de ma première sortie. Pourtant, il n’y avait pas de vent ce jour-là, mais j’étais là, à me répéter en boucle: mais qu’est-ce que tu fous là ? Dans quoi tu t’es lancé ? ».
Premier entraînement, l’angoisse de la nuit
Ne s’improvise pas navigateur de course qui veut. Cyril Coulot le sait et, pour préparer au mieux son aventure, il s’inscrit au Centre d’entraînement de minis de Concarneau, le CEMC. « J’ai participé aux entraînements de début de saison. J’étais complètement à la ramasse. En fait, cela a été horrible. Je n’arrivais pas à suivre les autres bateaux. Le temps que j’arrive à la fin d’un exercice, ils étaient déjà partis sur le suivant. Je craignais de casser mon embarcation. En fin d’entraînement, il y a le départ d’une course dont le parcours est défini par le coach en fonction des conditions météo pour ne pas arriver à point d’heure ». Cette première course fut terrifiante pour Cyril Coulot qui a alors commis une erreur de débutant. « Je n’avais pas réalisé qu’il fallait que je prépare ma navigation et que j’entre des points dans mon GPS pour savoir où est-ce que je pourrais passer etc. Et comment l’utiliser ? ». Le navigateur en herbe se retrouve en mer, en pleine nuit, terrorisé. Il avait aussi oublié ses feux de mât, ce qu’on lui a rappelé par radio. « Je suis descendu les enclencher. A ce moment-là, mon mât ne s’allume pas. Par contre, deux petites lumières, une rouge et une verte à l’arrière du bateau, oui. Cela crée une ambiance anxiogène. Je me suis alors demandé ce que je foutais là, me suis dit que j’étais vraiment un blaireau et que j’allais casser mon bateau ». Le navigateur n’a pas le choix, il se sert du GPS de son smartphone pour arriver à bon port, même si cela est interdit en course. Il ressort cependant de cette expérience avec la fierté d’avoir pu trouver des solutions lui permettant d’aller au bout de cette épreuve.
Cyril Coulot n’a pas l’intention de jouer la « Croisière s’amuse »
S’il est conscient du chemin qu’il doit parcourir, le Pulliéran ne va pas à la Mini Transat pour faire de la figuration et se la couler douce en mer. « J’y vais pour la compétition et, clairement, si je peux gagner des places, j’en gagnerai. En revanche, je ne me dis pas que je vais viser le milieu de tableau parce que je n’ai pas le niveau, ni l’expérience pour, ni forcément le bateau pour pouvoir prétendre à ce genre d’objectif ». Actuellement, Cyril Coulot poursuit la préparation de son aventure dont le départ sera donné en septembre 2023. Pour l’heure, cette préparation passe aussi par la recherche de sponsors… avis aux amateurs.
