Un sport exclusivement «scientifique» ?
Quel futur ?
Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | S’il est vrai que le sport représente une particularité non négligeable dont doit s’obliger tout entraîneur responsable de quel que sport que ce soit, il est vrai aussi que les difficultés actuelles les obligent « presque » à la perfection. Mais pas seulement… en théorie !
Horizon… l’incertitude ?
C’est un dilemme ! Un dilemme pour chaque entraîneur car pour lui, en contact direct avec le sportif, aimera à faire valoir le côté « humain » par cette relation « tridimensionnelle » découlant de compétences didactiques, de méthodologies spécifiques et d’affronter ce que l’on pourrait dénommer l’incertitude. Mais voilà ! Le sport moderne veut et peut le refuser. Pourtant… accepter les incertitudes que nous offrent le sport résulte également à ouvrir bien des portes pour la réussite du sportif. Néanmoins, en aucun cas il faut les négliger. Sans les exploiter, mais accepter et expérimenter les nouveautés que nous offrent la multitude d’études en accord avec le sport dit « moderne », ces dernières peuvent aussi aider et faciliter la sportive, le sportif.
Et pourtant !
Sans être « rétrograde » en aucune manière, on peut s’ouvrir à une certaine inquiétude quant à l’avenir du sportif. Le plaisir, les sourires de ces jeunes adolescents aux démonstrations étonnantes de leur sport lors des Jeux olympiques de la Jeunesse 2020, ne doivent en aucun cas être « l’arbre qui cache la forêt » ! « Arnachés » d’instruments totalement informatisés donnant et prouvant toute situation à la seconde, soit tant physique, force mentale, récupération émotionnelle ou fatigue en relation à l’entraînement et la compétition sont instantanément traduits en se fiant à la nouveauté des algorithmes, qui font presque office de connaissance parfaite du sportif. Déjà, certains sports expérimentent le catalogue du oui ou du non des capacités de leurs équipes, de leurs sportifs. Ne risquent-ils pas, ou ne deviennent-ils pas des « laboratoires » humains… du futur avec pour corollaire de les dépersonnaliser, impliquant pour leur vie future un certain danger qui parfois, il faut le reconnaître, oblige l’abandon d’une carrière désirée dès l’adolescence. Doit-on penser que le sportif, la sportive, notre jeunesse, sont devenus les « cobayes » du sport futur ? A ne pas le souhaiter ! On peut s’ouvrir à la question… mais où va-t-on s’arrêter ?


N’oublions pas les valeurs du sport !
Alors oui… le sport peut et doit changer le monde avait dit Nelson Mandela lors de la victoire de son pays à la Coupe du monde de Rugby. Il avait raison en ouvrant une page au livre du sport, une véritable culture d’insertion… école de tolérance. Il avait nourri un espoir non seulement pour son pays, sans arrières pensées aucunes. Et pourtant, le sport actuel devenu une ardeur sociale majeure, même souvent un substitut de la politique dans certains pays, risque de lui donner tort. Tort, car cultivé aussi par un monde d’illusions qui promet… trop vite la gloire et ce qu’elle peut représenter pour notre jeunesse !
Oui… pas si lointain…
Même en acceptant « l’évolution » de la société, de la planète sportive, « l’ancien » champion se souviendra qu’il fut un temps où le sport était une invitation au plaisir, à l’amitié et à l’excellence par le geste, le jeu. On osait sourire à une défaite. Aujourd’hui, est-il devenu la seule obligation de réussite inspirée par, reconnaissons-le, soit aspirer à la gloire, l’argent, les médias ou se mettre en spectacle en devant de la scène publique ? Oui, pour notre jeunesse… l’imaginaire a évolué, néanmoins… également beaucoup changé !
Une petite réflexion ?
Il n’y a pas, semble-t-il, de valeur du sport ! Il y a de bonnes et de… mauvaises valeurs !