Servion – Succès historique autour des nonnes de Sister Act
Café-théâtre Barnabé
Thomas Cramatte | La comédie s’inspirant du cultissime film «Sister Act» a battu tous les records d’affluence au café-théâtre Barnabé. Programmé du 22 novembre 2019 jusqu’au 9 février 2020, ce spectacle d’envergure aura même joué les prolongations pour 28 représentations. En tout, près de 14’000 personnes ont vu les nonnes de «Sister Act» en action. Historiquement, le théâtre Barnabé à Servion n’aura jamais connu un tel succès autour d’une comédie musicale. Mais qui se cache derrière ce spectacle hors norme?
Rencontre
Sur une petite table ronde, deux tasses à café témoignent de la cadence des interviews données par le directeur du café-théâtre. Vidées, mais visiblement encore chaudes, les tasses ont à peine eu le temps de refroidir du précèdent entretien. Le bar du théâtre est, quant à lui, éclairé par une dizaine de grosses ampoules. Suspendues telles des stalagmites à la poutraison, leur look vintage confère une ambiance accueillante et chaleureuse à la salle. Atmosphère que l’on retrouve en intégralité dans le plus grand café-théâtre de Suisse. Son directeur, Noam Perakis, nous dévoile les secrets derrière le phénomène «Sister Act».
Expérience
Connu pour ses spectacles d’envergure, le théâtre Barnabé n’en est pas à son coup d’essai. Cette salle centenaire se profile comme le temple de la comédie musicale en Suisse, de nombreux succès ont été joués sur les planches de Servion. Comme «West Side Story» en 2003, «Moulin Rouge» en 2006, «Jesus Christ Superstar» en 2010, «Cabaret» en 2011, «Chicago» en 2013 et le dernier du nom date de 2016, avec «Spamalot» des Monty Python. Le café-théâtre réunit tous les ingrédients pour la création de grands spectacles dans la veine des shows de Broadway. «Ici, tout est fait sur mesure, costumes et décors sont fabriqués sur place. Nous avons la chance de posséder environ 7000 costumes, mais malgré cela, nous avons dû créer la quasi-totalité des tenues de Sister Act», retrace Noam Perakis tout sourire. La jeune costumière Céline Bovet a usé les machines à coudre de l’atelier de création pour confectionner des costumes complexes et chargés de détails. Avec l’aide de deux autres couturières de la région, elles ont fabriqué une multitude de costumes à rendre jaloux les meilleurs plateaux de cinéma hollywoodien. Les décors sont également construits sur place, personnalisés pour chaque pièce, le café-théâtre possède son propre atelier de menuiserie. Hormis l’équipe technique qui s’affaire au bon déroulement des représentations, Barnabé utilise de nombreux travailleurs régionaux. «Le théâtre vit grâce aux 135 salariés régionaux que nous avons employés en 2019. Sans leur engagement et leur passion, rien de cela ne serait possible», exprime Noam Perakis.
Production risquée
Nouveau directeur depuis 2018, Noam Perakis est avant tout un homme venant du milieu théâtral. Comédien, metteur en scène et codirecteur de la compagnie Broadway, il travaille d’arrache-pied pour faire vivre ces lieux mythiques. «Quand je suis arrivé à la direction de Barnabé, je travaillais tous les jours de la semaine entre 14 à 15 heures par jour. Mais c’est le rôle de tout bon directeur de théâtre qui se respecte», précise le jeune metteur en scène. C’est avec cette philosophie que la troupe du théâtre Barnabé «Comédie Broadway» a érigé la comédie de l’année, «Sister Act». La salle de Servion a pris le risque de produire une comédie musicale hors norme de par son envergure, et des moyens financiers engagés. Avant de pouvoir assister à la première représentation, il aura fallu sept semaines de répétitions aux 21 comédiens et 8 musiciens avant d’entreprendre les deux mois et demi de scène. Au total, c’est plus de 500’000 francs qui auront été investis dans l’aventure. En se spécialisant dans les comédies musicales à grande échelle, Barnabé a comblé une demande insatisfaite jusque-là. «Nous sommes effectivement les seuls en Suisse romande à monter ce genre de grosses productions de comédies musicales», explique Noam Perakis. Un investissement qui en vaut la chandelle, car le théâtre est à présent viable financièrement.
Pourquoi «Sister Act»?
Avant même de penser produire une comédie, il est nécessaire d’acheter une licence de spectacle. «Lorsque nous avons feuilleté le catalogue des licences disponibles, notre choix s’est tout de suite orienté sur Sister Act. Tyssa, une des comédiennes de la compagnie Broadway correspondait parfaitement au rôle principal de Dolores»,se remémore Noam Perakis. Le collectif de Servion a donc fait les demandes pour l’obtention de la version française jouée en 2012 au théâtre de Mogador à Paris. «Ce genre de comédies se comptent sur les doigts d’une main. Mais nous savions que le succès serait au rendez-vous, même si celui-ci a dépassé nos attentes»,relate le directeur du théâtre. Le film réalisé en 1992 par Emile Ardolino avait déjà rencontré un immense succès. Devenu culte grâce à son scénario humoristique et par les nombreuses rediffusions annuelles, au même titre que «Les Bronzés»ou «Retour vers le futur», les recettes du succès sont simples: bonne humeur, rigolades et multigénérationnel. Voilà trois éléments essentiels pour passer un bon moment. Tyssa, interprétant le rôle de Dolores Van Cartier, a grandi à Lausanne. Après un passage remarqué dans l’émission «The Voice», la chanteuse-comédienne a décidé de rester en Suisse pour faire carrière. Et cela lui correspond à merveille.
Au-delà des espérances
Avec ses allusions musicales à la Soul, la trentaine de comédiens présents sur scène ont fait trembler les murs du théâtre. Ce «Feel good musical» amorce une saison 19/20 qui promet déjà de dépasser les 25’000 spectateurs. L’année en cours annonce encore une belle brochette de spectacles, dont près de la moitié naîtront entre les murs du théâtre. Eclectique avec des Brass Bands comme Les virtuoses Riviera, en passant par Tribu et ses 200 chanteurs, le One man show de Yann Lambiel ou encore «Spiridon Superstar» retraçant la folle histoire des Jeux olympiques, le plus grand café-théâtre n’a pas fini de faire
parler de lui.