Qui es-tu … toi l’adolescent ?

Pierre Scheidegger, Panathlon-Club Lausanne | A quel âge un enfant peut-il commencer un entraînement sportif avec l’idée de devenir… un champion ?
Dans ce monde en constante, et surtout rapide, évolution, il est de plus en plus difficile de répondre clairement à cette question… et pourtant.
Des médailles d’or à des enfants de treize, quinze ou dix-huit ans ? Impensable, il y a encore vingt ans. Avouons, néanmoins, que le succès et le développement considérable de la pratique sportive, l’élévation du niveau des performances mais également l’exploitation, osons l’avouer souvent mercantile, semble à ce jour faire partie de la culture sportive.
Oui… plus vite… plus haut… plus fort ! Et, en sommes-nous certains… ensemble ?
Nous venons de vivre, par médias interposés, les derniers Jeux olympiques d’hiver en Chine. Les spectacles, même pour des initiés au sport de certaines disciplines, furent tout simplement ahurissants, et quel enfant ne rêve-t-il pas de devenir un de ces sportifs « volants » ?
Nous le savons, jamais les inscriptions dans les structures d’entraînement réservées à la jeunesse ne sont aussi nombreuses que dans ces périodes privilégiées. Oui ! Succès, médailles, argent et gloire pèsent, non seulement sur cette jeunesse, mais souvent sur de nombreux parents que la perspective de voir un jour leur enfant placé sous les projecteurs de la gloire pouvant leur faire perdre tout bon sens.
Et c’est le drame !
Que se passe-t-il dans la tête de responsables et entraîneurs de certains sports ?
Est-ce « l’utilisation » d’une, d’un enfant par l’abaissement de l’âge du début de la pratique et surtout d’un accroissement sans précédent, en intensité et en volume de l’entraînement physique ? Ou, en faisant fi des facteurs de réseaux de communications entourant la jeune sportive, de l’affectivité, la mémoire et l’intelligence de son sport qu’une jeune fille de quinze ans pourrait espérer ?
Pour seul encouragement : « Pourquoi as-tu arrêté de te battre ? »
Triste émotion… par procuration !
Regardez ce visage ! Elle a quinze ans… à peine plus !
On peut légitimement se demander si une telle évolution ne présente pas certains inconvénients, voire un danger pour son développement psychique. L’adulte, l’entraîneur a main mise sur l’enfant, l’adolescent. Cependant en a-t-il tous les droits jusqu’à utiliser des substituts illicites pour mener son « protégé » à la victoire ?
Non ! Alors, disons tout simplement non !
Les larmes du sportif, de la sportive, doivent être de joie, du plaisir de la victoire et non pas cachées derrière un visage de tristesse obligé de poursuivre une compétition qui n’est déjà plus la sienne.
On ne gère pas l’existence future d’une adolescente par la tricherie, la violence et la punition.
Mais ces agissements ne cherchent-ils pas régulièrement des… excuses, tout en sachant que, même en or, une médaille n’est alors que celle de la honte pour ceux qui l’ont provoquée.
