Pully, réticences autour d’un plan de quartier

Devant la fresque, le syndic Gil Reichen et Delphine Rivier, directrice du musée / Photo © Thomas Cramatte
La Municipalité a retiré de l’ordre du jour le plan de quartier permettant de démarrer la restauration du site du Prieuré et de la Villa romaine. Un préavis qui devait être soumis au vote du Conseil communal le 3 juin.
Thomas Cramatte | La requalification du bâtiment du Prieuré et de la Villa romaine rendent sceptiques les conseillers communaux. Ces deux sites historiques et de grande importance accusent le poids des années. Leurs rénovations permettraient de transformer le bâtiment du Prieuré en Hôtel de Ville tandis que les trésors présents entre les murs de la Villa romaine se verront assainis pour une meilleure conservation. Le préavis du plan de quartier consistait à définir les hauteurs maximales et le périmètre constructible, alors que le projet de rénovation est, de son côté, revu à la baisse pour se fondre davantage dans le paysage pulliéran.
Un risque de non entrée en matière
Suite à plusieurs contestations des conseillers communaux, les autorités municipales préfèrent ne pas prendre le risque de faire un flop. « Si nous nous retrouvions dans le cas d’une non-entrée en matière, il aurait été difficile de continuer avec ce projet », explique Gil Reichen, syndic de Pully.
Le projet de transformation permettrait de remettre au goût du jour ces deux joyaux situés en plein centre-ville. Actuellement dans un piètre état, la Villa romaine souffre d’infiltration d’eau et son assainissement n’en devient que plus urgent.
En 2017, un concours d’architecture international avait révélé le futur du site du Prieuré. Un avant-projet qui avait alors suscité de nombreuses interrogations en raison de bâtiments trop imposants dénaturant ainsi le visage du centre-ville. « Nous avions été frappés par ces projets de grande envergure pour le patrimoine de la ville. C’est la raison pour laquelle il y a eu un certain nombre d’amendements du plan de quartier, notamment la limitation des hauteurs et du périmètre ».
Les deux lauréats du concours d’architecture, FAZ Architectes à Genève et Garcés – De Seta – Bonet à Barcelone ont depuis revus leurs copies.
Si pour l’heure aucune maquette d’étude de cet avant-projet n’a été présentée au Conseil communal, la Municipalité tient cependant à rappeler que les plans ont énormément évolué depuis 2017. « Nous collaborons depuis une année et demie avec ce consortium pour réviser le projet à la baisse et améliorer l’implantation des bâtiments ».
Vestiges d’importance nationale
Menacés par l’humidité, les murs de la Villa romaine abritent les vestiges d’un palais de l’époque hadrianéenne (1er – 2e siècle après Jésus-Christ). Découverts dans les années 1970, la Villa et les nombreux objets apparus au fil des fouilles témoignent de l’art de vivre à la romaine. Le bâtiment de l’ArchéoLab, construit en 1981, recouvre cette dernière et permet d’assainir les trésors qu’elle renferme.
Un crédit de 320’000 francs avait été voté afin de proposer plusieurs options d’assainissement des vestiges et le maintien des activités existantes. « Selon les experts, l’humidité aurait engendré une dégradation de 500 ans en à peine 20 ans sur les œuvres exposées », communique Delphine Rivier, directrice du musée.
Pour parer au problème, la construction d’un bâtiment neuf et mieux isolé permettrait d’assainir les vestiges. Par ailleurs, chaque visiteur émettant de l’humidité par sa présence, le projet de requalification établit des conditions strictes afin de maintenir ces richesses historiques. « Aujourd’hui, il devient urgent d’avoir des locaux pour protéger les vestiges ».
Dans son état actuel, le musée ne permet pas un accès aux personnes à mobilité réduite. Accueillant 7000 enfants en 2019, l’ArchéoLab ne possède ni vestiaires ni toilettes. « Nous avons un petit local de l’autre côté de la route pour accéder à ces fonctionnalités ».
Une situation inquiétante, d’autant plus que le musée est régulièrement visité par des classes de Suisse romande. La surface actuelle de l’ArchéoLab ne permet pas d’entrevoir une salle d’accueil et de médiation pour les enfants. La mise à jour du musée offrirait également une interactivité supplémentaire. Avec par exemple des animations en trois dimensions afin d’immerger les visiteurs dans l’ère romaine. Le rez-de-chaussée de l’ArchéoLab deviendrait également un lieu de rassemblement pour la dégustation des vins communaux ou voir même d’activité publique en dehors des heures d’ouvertures du musée. « En faisant cela, on répond également au manque de lieux disponibles pour les citoyens », ajoute Gil Reichen.
Projet à nouveau en discussion
Une séance de Municipalité a permis d’élaborer la stratégie en matière de communication de l’avant-projet, elle informera dans les grandes lignes les conseillers communaux présents lors de la séance du 24 juin. Ce préavis remodelé sera, quant à lui, remis à l’ordre du jour cet automne, car il est important de prendre conscience de l’urgence et de l’obligation d’assainir ces trésors de l’ère romaine.
Une aubaine pour la ville de Pully qui se visite bien au-delà de nos frontières.