Les vendanges du XVIIIe siècle étaient une fontaine de couleurs et de retrouvailles

Gérard Bourquenoud | Dès l’annonce des vendanges sur le Lavaux, les villages des vignobles s’animaient et créaient une effervescence au sein de la population. Vers 1900, elles s’étalaient sur trois ou quatre semaines, selon le rythme des vendangeurs à la récolte du raisin et des pressoirs, travail qui était réalisé à la force des bras. Les seilles de bois, désséchées, depuis la vendange de l’année précédente, sans oublier les brantes qui étaient mises durant quelques heures dans l’eau de la fontaine de la maison vigneronne, afin de rendre les joints étanches. La bossette subissait, elle aussi, le même traitement, avant d’être d’installée sur un char à roues ferrées qu’allait tirer le bœuf ou le cheval. La mécanique quelque peu rouillée par l’humidité et le temps, se devait d’avoir une nouvelle ration de graisse. Le frein à «sabot» de la bossette crissait sur le chemin caillouteux qui, du vignoble amenait le raisin au pressoir où le vigneron-encaveur et ses employés s’affairaient au pressurage et à remplir les barriques ou tonneaux.
Cette tradition centenaire a survécu mais a nettement évolué au cours des décennies, déjà par l’écourtement de la durée des vendanges où la bossette et le bœuf ont été remplacés par le tracteur, de nouveaux engins et du matériel mieux adapté à la récolte du raisin et son transport sur des pentes parfois abruptes, alors que le pressoir est devenu une machine programmée électroniquement. Il est évident que cette profonde transformation a facilité la tâche et le dur labeur des vendangeurs, des brantards et des hommes du pressurage. Une époque où toutes les personnes qui avaient oeuvré à la vendange, ont eu le privilège de clore ces semaines de labeur par une rencontre festive autour du pressoir avec le slogan: «A votre santé!»
Gérard Bourquenoud