Les 90 ans de «Pierrot» Dupré
Jean-Pierre Lambelet | C’est pile poil le jour de son anniversaire de jeune nonagénaire, le dimanche 20 dé-cembre, que famille, autorités communale et religieuse, ainsi que des amis se sont retrouvés à la grande salle de Rivaz pour célébrer la journée à Pierre Dupré, ou plus simplement «Pierrot» pour les intimes.
C’était aussi un dimanche que le garçonnet s’exprima pour la première fois avec fermeté au Monteiller sur la commune de Chexbres.
La famille Dupré est arrivée depuis la Gruyère, et plus précisément de Sorens, pour s’installer au Monteiller, puis en 1928 à Rivaz. Et 28 ans plus tard, les Dupré devenaient bourgeois de Rivaz.
Donc, dès l’âge de 3 ans, Pierrot a passé toute sa vie à Rivaz, au pied du clocher. Très vite, le petit homme est devenu grand et à 17 ans, il achetait sa première vigne.
A 18 ans (en 1943-44), il faisait son école de recrues à Yverdon chez les canonniers.
A 23 ans, il se mariait avec Edith Gilliéron, de Chexbres. Comme quoi, le cœur et les jambes allaient de pair pour gravir l’abrupt coteau menant au logis de la belle. Et naturellement, Marianne en 1950 et Martine en 1958 sont venues égayer et agrandir la famille.
Si Pierrot est né dans les vignes, c’était un signe du destin qui a fait de lui un vigneron accompli dès son enfance. Il en a crapahuté dans les parchets et sur les escaliers plongeant vers le Léman au cours de son existence !
Le syndic de Rivaz, Pierre Monachon, a d’ailleurs relevé qu’ils avaient labouré ensemble et tourné maintes fois la charrue entre les ceps presque par tous les temps, car s’il faisait trop mauvais, on observait le ciel depuis la cave où l’hygrométrie était plutôt intérieure…!
Ainsi, le domaine s’est agrandi au fil des ans jusqu’au 1er novembre 1990, à la veille de sa première rente AVS où il transmit son exploitation à sa fille Marianne et à son beau-fils Eric Siegenthaler.
Même au service de la communauté Pierrot fut précoce…
A 20 ans, il préside le Chœur mixte de Rivaz-Saint-Saphorin pour 3 années. A 21 ans, il fut aussi un des membres fondateurs du Ski-Club Rivaz-Saint-Saphorin et, plus tard, de 1969 à 1974, président de la Société de sauvetage dont il est toujours un membre doyen éminent.
Sans oublier son poste de municipal à Rivaz de 1969 à 1978.
Dans son discours, le syndic, avant de lui remettre les cadeaux d’usage, n’a pas manqué de taquiner la verve légendaire et le tempérament du Pierrot local qui n’est jamais à court d’idées sur la vie villageoise…
La pasteure, Geneviève Butticaz, lui a rappelé une parole de Jésus bien adaptée à sa vie: Je suis le cep et mon Père est le vigneron. Et c’est vrai qu’en bon père, il faut savoir tailler et émonder avec justesse pour que le fruit soit sain et bon.
Et c’est bien sûr avec un liquide tout ce qu’il y a de plus local que maintes fois le mot «santé» fut prononcé tout en souhaitant longue vie à notre ami Pierrot…!