La petite histoire des mots
Finance

Vendredi dernier, le conseiller fédéral Ueli Maurer, chef du département fédéral des finances, a annoncé sa démission du Conseil fédéral, lors d’une conférence de presse surprise. La rigueur qu’il a manifesté à la tête de son dicastère a été saluée par la quasi-unanimité de la classe politique, y compris par ses adversaires politiques. Voilà qui nous amène au mot « finance » dont le parcours étymologique est pour le moins singulier.
Le substantif « finance » définit de nos jours un domaine d’activité, celui du financement, qui consiste à procurer l’argent nécessaire à l’accomplissement d’une opération ou d’un projet économique. Cela peut concerner aussi bien Etat, des entreprises publiques ou privées, ou encore des ménages et des individus. Le terme « Finance » est dérivé du mot latin « fini » qui veut dire « la fin » ou « le terme ».
Le latin disait « solvere » pour « payer », d’où est dérivé l’adjectif « solvable » qui désigne une personne ou une société qui a les moyens de payer ses dettes. Mais le français populaire, dès le XIIIe siècle, lui préféra le verbe « finer » issu de « finire » (finir) pour signifier la fin et donc le paiement d’une transaction. Du participe présent de ce verbe « finer », aujourd’hui tombé en désuétude, est venu le substantif « finance », qui avait dans l’ancienne langue le sens de fin ou d’achèvement, et qui devint synonyme de versement ou de paiement. Par la suite, ce mot évolua pour désigner des ressources financières puis toutes les affaires d’argent.
Au XVe siècle, en France, les « gens de finances » étaient déjà les fonctionnaires chargés de gérer l’argent des souverains et des puissants. Mais c’est seulement à partir du milieu du siècle dernier que la finance, dans la littérature spécialisée et l’enseignement, devint une discipline liée à l’économie.
Aujourd’hui, surtout à la gauche de l’échiquier politique, la « grande finance » a très mauvaise réputation. On l’accuse de contribuer à l’expansion du pouvoir des multinationales, aux dépens de celui des Etats ; d’abrutir les consommateurs, en les conditionnant pour dépenser davantage ; de détruire la planète en ignorant les contraintes écologiques pour faire du profit, et d’exploiter les peuples. Certaines de ces accusations sont avérées tandis que d’autres ne correspondent pas forcément à la réalité. Mais ce n’est pas le lieu ici d’en débattre…
Terminons alors par cette jolie citation de l’homme d’affaires américains Robert W. Sarnoff qui dirigea une grosse société américaine d’électronique, avant d’être chassé par une révolte de ses cadres qui le trouvaient trop autoritaire : « La finance est l’art de faire passer l’argent de mains en mains, jusqu’à ce qu’il ait
disparu ».