Ciel retrouvé, La nature à l’heure du Coronavirus

le temps de la quarantaine en Chine
Thomas Cramatte | L’activité industrielle réduite, les frontières fermées, les avions au sol et les voitures au garage, le pays tourne au ralenti depuis maintenant plus d’un mois. Les mesures de confinement ont réduit drastiquement la pollution partout autour du globe. Dès les premiers jours de restrictions, la qualité de l’air s’est améliorée, la clarté du ciel s’est renouvelée et la nature semble reprendre ses droits. Si cette pandémie n’est bénéfique pour personne, cela n’est peut-être pas le cas pour la planète ?
Diminution des gaz polluants
Déployées à large échelle, les restrictions appliquées à travers le monde afin d’agir contre la propagation du virus ont des effets mesurables sur la qualité de l’air et de l’environnement. Les pays appliquant des mesures de confinement ont observé une nette diminution de la pollution. Selon plusieurs bilans, l’air des villes est plus propre de 20 à 30%. Dans la capitale française par exemple, les émissions de CO2 ont reculé de 60%. La Chine, épicentre du virus et premier pays à appliquer des mesures de confinement, a annoncé une amélioration du nombre de jour où l’air est plus propre de 21% en comparaison avec l’an dernier. Ce pays de 1,4 milliards d’habitants connaît un tissu économique considérable et sa production de gaz à effet de serre comme le NO2 est très dense. Dans le canton Vaud, les données récoltées vont dans le même sens, même si cet effet est plus nuancé.
Pureté de l’air
Malgré une augmentation du chauffage résidentiel due à la présence permanente des citoyens suisses dans leur foyer, les particules fines émises n’ont pas augmenté au cours de la deuxième moitié du mois de mars. Par conséquent, la baisse du dioxyde d’azote (NO2) est, quant à elle, liée en grande partie à la diminution du trafic aérien et routier. « Il est clair que la réduction du trafic se traduit par une meilleure qualité de l’air dans les endroits proches des routes. Ce phénomène est particulièrement prononcé au Tessin, qui ressent également la baisse de la pollution venant de l’Italie », explique Philippe Flück, en charge de la communication à l’Office fédéral de l’environnement. Les températures clémentes depuis le début des procédures jouent également un rôle sur la qualité de l’air. Pour Philippe Jeanneret, présentateur météo, la baisse du trafic a clairement réduit la densité du smog dans les basses couches de l’atmosphère. « Les trainées de condensations générées par le trafic aérien ont également diminué de manière significative. D’où un ciel beaucoup plus clair, surtout en montagne », communique le présentateur de la RTS. Le météorologue explique également que lors des évènements du 11 septembre 2001, les interdictions de vol avaient probablement engendré des hausses de température. En effet, l’absence de traînées de condensation générées par les avions accentuerait le réchauffement dans les situations de hautes pressions. « Nous sommes aujourd’hui dans un contexte assez similaire ! L’ampleur du phénomène, ses conséquences sur l’allure générale des courants, notamment les processus de formation des hautes pressions, reste cependant à déterminer ». Si les premières évaluations effectuées par l’Office fédéral de l’environnement démontrent que la qualité de l’air s’est améliorée à court terme, il ne serait pas étonnant de voir un impact sur les températures et les pressions atmosphériques si les mesures de confinement s’étalent sur le temps. Hormis la pureté de l’air, l’état actuel du ciel offre une visibilité remarquable.
Dans l’œil d’un télescope

Le ciel que l’on observe aujourd’hui est d’un bleu éclatant. Mais la diminution de la pollution a-t-elle un impact sur l’observation de l’espace ? « Malgré les apparences, la diminution des gazes comme le CO2 et le NO2 n’ont que peu d’impact sur l’observation astronomique » communique Jean Aellen, de la Société d’astronomie du Haut-Léman (SAHL). Car pour le télescope situé en ville de Vevey, d’autres nuisances sont à prendre en considération. La pollution lumineuse est un problème connu des observatoires, si la SAHL dit ne pas trop en souffrir, les poussières voltigeant dans l’air comme le pollen entravent davantage l’observation. « Un peu de pluie rendrait l’atmosphère plus transparente et le ciel aurait un aspect moins laiteux ».
La planète en est le premier bénéficiaire
Si le Covid-19 a des conséquences sur l’homme et ses activités, il nous offre cependant le silence. Paradoxalement au drame que celui-ci entraîne sur notre civilisation, la planète, elle, bénéficie pleinement de la situation. L’être humain, devenu spectateur, réapprend à laisser une place à la nature. Libérée de la pression subie par notre activité, elle reprend ses droits et s’épanouit. La diminution des nuisances sonores et du trafic routier facilitent le déplacement des animaux et leur reproduction. Le ciel dépourvu de traces de condensation laisse un climat plus sain à l’écosystème. Cette période particulière rend visible la pression exercée habituellement par l’Homme sur l’environnement. Pour les biologistes et les experts, cette impression de nature qui reprend ses droits viendrait en partie du fait que nous produisons moins de nuisances sonores et… que nous passons plus de temps à la contempler.


Le spectacle était au rendez-vous
le 8 avril lors du lever de pleine lune.
