La générosité de dame nature adaptée
Culture de blé labellisé IP Suisse

Thomas Cramatte | Créée il y a bientôt trente ans, IP Suisse est l’Association des paysans pratiquant une production intégrée (IP). Situé entre le bio et l’agriculture conventionnelle, cela signifie que le label à la coccinelle prône des récoltes durables en garantissant un financement décent de ses membres, et ce, malgré les variations du marché. Explications. Certains producteurs membres de l’association ont été surpris de devoir diminuer leurs récoltes en 2020. Ce sont les parcelles de blés panifiables qui sont généralement impactées par cette réduction. « Depuis 2017, Dame nature a été généreuse et les cultures sont très profitables. Nous devons adapter nos stocks pour éviter tout gaspillage et garantir le bon financement de nos producteurs », informe Jacques Demierre, gérant IP Suisse pour le canton de Vaud. Si cette générosité est évidemment bienvenue et que les agriculteurs en sont ravis, elle comporte néanmoins son revers de médaille : « Nous avons demandé à nos producteurs de réduire leur surface de blé panifiable et de la remplacer à 20% par du blé fourrager », poursuit l’ancien agriculteur, avant d’ajouter que cela peut paraître paradoxal dans un monde où la durabilité est prisée. Pour le monde paysan, les récoltes des trois dernières années ont été supérieures à la moyenne. « Les volumes de ces trois exercices sont plus élevés qu’une récolte standard. L’objectif est de retrouver une situation normale l’année prochaine », poursuit Jacques Demierre. Sur l’ensemble du territoire helvétique, 27’000 hectares sont labellisés IP Suisse. Chacun d’entre eux a amené entre 500 à 1 tonne de plus. « Donc 27’000 tonnes de plus par année, c’est pour cette raison que nous devons nous adapter au marché », souligne le gérant vaudois du label en précisant qu’il ne s’agit pas de quelque chose d’exceptionnel. Toujours dans le principe de base de l’intégration paysanne, le label n’autorise aucun mélange de matière première non labellisée. « Lorsque monsieur et madame tout le monde achètent du pain IP Suisse, celui-ci est à 100% constitué de farine certifiée ». Si le label à la coccinelle achète la production de ses membres et la commercialise, il doit également gérer le marché indigène. « Notre mécanisme est différent du bio car nous n’avons pas de contributions publiques finançant la certification ». IP Suisse est uniquement financé par l’acte d’achat du consommateur. Chaque année, l’Association paysanne observe une progression de la demande des produits certifiés IP Suisse, mais cela ne permet pas d’absorber les récoltes des trois dernières années.