Image d’antan – Avec l’approche de l’hiver, la mass va reprendre ses droits
Le souvenir est encore dans toutes les mémoires

Gérard Bourquenoud | Il fut une époque où le jeu de cartes appelé communément « yass », était le passe-temps favori entre gens de la campagne qui ne connaissaient pas encore la télévision et avaient déjà donné le meilleur d’eux-mêmes à la vie, à la famille et à la patrie. A la montagne, il signifiait encore davantage. Là où les loisirs étaient rares, ce jeu était devenu un rite. Dans l’atmosphère chaude et acccueillante de la chambre boisée qui constituait un petit univers à soi, où il faisait bon se réunir, il y avait parfois un affrontement intellectuel. Rien de méchant, une simple bisbille qui animait la conversation autour d’une bouteille de « derrière les fagots ». La femme, comme l’homme, y trouvait une vieillesse plus sereine, car si le rythme du monde était plus frénétique ailleurs, il était paisible dans les fermes avec l’odeur âcre des cigares et de la pipe, sans oublier celle de l’encaustique qui faisait briller le plancher de bois. Ce jeu à trente-six cartes était très prisé, surtout les soirées d’hiver, à proximité du fourneau en molasse. Au temps où j’étais adolescent, dans les années quarante, ce sont mes parents qui m’ont insuffler le plaisir de jouer au yass. Je me souviens aussi que certains agriculteurs allaient une fois par semaine, en principe le dimanche, s’adonner à ce jeu autour de trois décis à l’auberge du village. Et si parfois des mordus des cartes s’excitaient et ne supportaient pas de perdre une partie, la distraction se terminait dans une ambiance bon enfant.