Fenêtre ouverte sur… Ce tavillon qui habille si bien les chalets d’alpage
La saison estivale bat son plein sur les alpages où les teneurs de montagne et armaillis y passent l’été avec les troupeaux qui bénéficient d’une herbe fraîche et moins polluée qu’en plaine, ce qui donne un arôme particulier au fromage qui se fabrique encore dans certains chalets.
Gérard Bourquenoud. |. Ils ne sont pas les seuls à vivre ce quotidien dans le calme et au grand air, il y a également les tavillonneurs qui sont au travail pour couvrir ou rénover les toits des chalets. Une tradition qui est maintenue grâce au dynamisme de l’Association romande des tavillonneurs fondée en 1946 et qui a encore une quinzaine de membres fribourgeois, vaudois et valaisans dans ses rangs dont certains sont à la retraite. Ceux-ci souhaitent que des jeunes reprennent le flambeau, afin de voir le métier se rajeunir. Le pays de Fribourg, pays de traditions, est le canton qui compte le plus de tavillonneurs. Et ce qui est réjouissant, des jeunes ont semble-t-il pris goût à cette activité ancestrale.
L’ objectif de l’association précitée, unique en Europe, est de promouvoir le tavillon ou bardeau qui habille les plus beaux édifices de montagne, en particulier les chalets d’alpage, pour lesquels les autorités fribourgeoises sont semble-t-il les plus sévères, tant sur le plan de la construction que de la rénovation. Désireux de conserver ce patrimoine alpestre qui fait la fierté de la Suisse, la Confédération, comme d’ailleurs les cantons de Vaud, Valais et Fribourg, allouent des subventions à cet effet. Le tavillon a «végété» pendant quelques années et avait été remplacé par l’éternit qui ne convient pas au bétail qui souffre de la chaleur durant l’été, donc peu recommandé pour les chalets d’alpage. En plus, il fléchit sous le poids de la neige. Il a ainsi été abandonné pour revenir au tavillon de bois, une technique ancestrale et architecturale d’exception qui devrait également être intégrée dans les constructions modernes. Et même si la tradition date d’hier, elle est encore pratiquée et très admirée de nos jours. Le tavillon se fabrique manuellement avec une hache par des hommes qui ont acquis le métier et le savoir-faire traditionnel. Chaque plaque de bois a une longueur de 42 cm et une largeur de 10 cm. Pour couvrir quatre mètres carrés d’un toit, il faut un millier de tavillons et un kilo de clous pour que les trois couches de tavillons puissent résister au vent, à la pluie et à la neige. Pour ce faire, le tavillonneur utilise du bois de sapin rouge ou d’épicéa et même du mélèze en Valais dont il faut d’abord enlever l’écorce. Un ancien tavillonneur professionnel nous a précisé qu’un chalet en tavillons est garanti cinquante ans et une façade trente ans. S’il est solidement construit avec du bois de qualité, il peut même tenir cent ans. Le tavillonneur prépare les tavillons durant l’hiver et passe la saison estivale à la montagne pour la pose, à raison de deux chalets par année.

Le chalet d’alpage des Pontets sur Les Avants