Etat des lieux des soins à domicile
Traitement de la crise
Monique Misiego | Début février, dans ces colonnes, je vous parlais de la crise que traverse l’AVASAD, qui chapeaute l’aide et les soins à domicile dans le canton de Vaud. La colère grondait parmi les employées (je mets au féminin parce que 89% du personnel est féminin), mais aussi parmi les prestataires de soins. Alertée par les plaintes et plusieurs articles parus dans la presse, l’AVASAD a pris les choses en main en demandant un diagnostic précis sur les revendications des uns et des autres. C’est par le biais d’une enquête de satisfaction interne menée auprès de 5000 employés qu’ils ont entamé cette approche. Pour rendre compte de cette enquête et des propositions envisagées, l’AVASAD a convoqué la presse mardi 19 février. Cette démarche démontre une volonté de la direction d’apaiser les tensions et de tenter d’améliorer les conditions de travail de ses employés. Nous ne pouvons qu’approuver une telle démarche. Toutefois, on peut y apporter un premier bémol. Sur les 5000 employés, 68% ont répondu à cette enquête complètement anonyme. La direction s’en félicite. Pour ma part, je dirais que 32% n’y ont pas répondu, soit par méfiance, soit par résignation en se disant que rien ne changera. Cette enquête donnait aussi la possibilité aux employés de faire des propositions. Environ 700 observations individuelles ont été récoltées. Les résultats de cette enquête ont été présentés par la mise sur pied de deux forums, un premier avec 15 représentants des syndicats, SSP, SUD, SYNA et SAIP ainsi qu’un représentant de l’ASI-Vaud, et un deuxième avec des représentants des commissions du personnel et des représentants des employeurs. Le diagnostic final n’est pas surprenant, sauf sur un point peut-être. Il apparaît que les employés et employées sont responsables, à savoir qu’ils mettent tout en œuvre pour assurer leur travail malgré les mauvais fonctionnements. Il apparaît aussi qu’il y a une collaboration harmonieuse entre collègues, même si un grand nombre déplore un manque de temps et de lieu mis à disposition pour des rencontres informelles entre collègues. Ces employées déplorent aussi un manque de communication avec la direction et n’ont pas l’impression que leur opinion soit prise en compte par la hiérarchie. Par contre, elles soulignent une collaboration efficace avec leurs collègues et leurs supérieurs au sein des CMS en cas de problème ou de conflit. Elles sont contentes de leurs horaires dans l’ensemble et ne semblent pas enclines à quitter leur employeur actuel même si les possibilités d’évolution leur semblent minces. Sur le point du stress au travail, tout n’est pas rose. 63% sont stressées au travail. Les premières raisons en sont la quantité des tâches, les tâches administratives, le temps imparti par tâche. Les points du déplacement, de la charge physique, de la hiérarchie et de la pression sur les résultats ne semblent pas les stresser plus que cela. Dans ce rapport finalement, ce qui les stresse et les dérange, ce sont toujours les points qui touchent au patient, les points qui pourraient entraîner une dégradation des prestations qu’elles leur donnent. Malgré un manque de retours réguliers sur la qualité de leur travail, 93% pensent que leur travail est utile et 80% y trouvent du plaisir et du sens. Payées moins dans le parapublic que si elles travaillaient au CHUV, il apparaît qu’elles font leur travail avec le plus de conscience professionnelle possible. La direction de l’AVASAD a annoncé dans cette conférence une entrevue qui a eu lieu le matin même avec Pierre-Yves Maillard qui souhaite que les salaires soient alignés sur ceux du nouvel hôpital Riviera-Chablais. Il semblerait que tout soit mis en œuvre pour de meilleures conditions de travail. Espérons que ces changements interviendront rapidement.
