A la découverte du rugby
Finalement, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde…

Basile Barbey, nouveau au RCP | Pendant la période de semi-confinement du printemps dernier, si quelqu’un m’avait dit que j’allais jouer au rugby en 2020 et à bientôt 40 ans, je lui aurais répondu d’arrêter de picoler et de rentrer chez lui. En effet, je n’avais jusqu’alors pratiquement pas touché de ballon ovale. Voici mon petit témoignage rugbystique. Début juin, on m’a invité à une session découverte au RCP, qui s’est en fait révélée être un entraînement estival, mixte et sans contact. Cela m’a plu et je suis revenu chaque semaine, en me disant que c’était une bonne occasion de me remettre en forme ainsi que de découvrir une nouvelle activité sportive. L’été terminé, la préparation de pré-saison a commencé avec l’équipe masculine. Je m’y suis rendu, semaine après semaine, toujours dans un esprit de découverte. Au menu, entre autres: positionnement, «glisse», plaquage et à maniement de ce fameux ballon. Puis est arrivé une date de match. Dire que je n’avais pas d’appréhension serait mentir. Mais j’avais confiance dans l’entraînement effectué et surtout dans mes entraîneurs ainsi que mes coéquipiers. Nous accueillions le RC Bagnes, sous un joli soleil automnal. Ils engagent et nous sommes rapidement sous pression. Un coéquipier va alors gratter le ballon: nous récupérons une pénalité. Ce geste, difficile et engagé, m’a placé dans le match. En face, ils étaient costauds, mais j’ai compris, sur cette petite action, que nous avions peut-être même plus de répondant et de force collective que je l’imaginais. Certains copains m’avaient simplement dit: «on est là». Ces trois mots prenaient alors tous leurs sens. Nous nous sommes donc battus toute la partie, avons récupéré de nombreuses pénalités, même proches de notre en-but. Sauf erreur, nous avons aussi remporté toutes nos mêlées et avons bien performé en touche. Solide conquête, nous avons fait honneur à notre emblème des taureaux. Derrière, c’est allé très vite, un petit peu trop pour nous et nous avons encaissé plusieurs essais. Au final, nous avons perdu, mais pour nous, équipe en reconstruction, l’essentiel était de jouer. Comme le dit le diction, «soit tu perds, soit tu apprends». J’ai beaucoup appris en termes rugbystiques, mais pas seulement, à travers ce premier match qui restera un souvenir fort. La troisième mi-temps a malheureusement été raccourcie à cause du Covid-19, mais cela ne nous a pas empêchés de la remporter. D’ailleurs sur ce terrain, je crois qu’il faudra venir nous chercher. Finalement, je pense qu’il y a de la place pour tout le monde au rugby, les forts, les rapides, les puissants, les longilignes, les costauds, les fonceurs, les gestionnaires, les artistes, les jeunes et les vieux. Le dénominateur commun me semble être de ne simplement pas avoir peur du contact, en plus de l’amour du ballon ovale et de la troisième mi-temps, bien sûr!
Rugby junior : le bon, la brute ou le truand ?
Ophélie Friedli Chave, Vice-présidente des Taurillons de Palézieux | Quand certaines personnes de mon entourage ont appris que mon fils faisait du rugby, elles étaient interloquées : « N’as-tu pas peur qu’il se fasse mal, qu’il ait des commotions ? »; « Ah, le rugby ? Ce n’est pas ce sport de brutes qui s’exerce avec un casque et des épaulettes ? » Bref, certains commentaires dénotent du fait que la pratique de cette activité, plus particulièrement chez les juniors, est encore peu connue parmi nous et que certains préjugés sont tenaces. (Au passage, signalons une fois pour toutes que c’est dans le football américain et non dans le rugby que l’on trouve des casques à grille et des épaulières de protection.) Certes, le rugby est un jeu où les contacts peuvent par moment être assez rudes. Pour qui le suit à la télévision, les images sont parfois impressionnantes et, il est vrai qu’au niveau professionnel, les blessures et les commotions sont encore trop nombreuses. La masse des athlètes surentraînés, qui a considérablement augmenté ces dernières décennies, en est sans doute pour quelque chose et cette tendance est observable dans plusieurs autres sports au niveau élite. Mais quand on regarde nos moustiques de 25 kg tout mouillés faire des plaquages, on est loin des chocs spectaculaires que l’on voit à la coupe du monde. En outre, nos entraîneurs mettent un point d’honneur à véhiculer les fondamentaux du rugby qui sont le respect de soi et de l’adversaire. Nos joueurs apprennent dès leur arrivée au club à ne pas se faire mal, à effectuer le geste juste pour éviter les blessures. Le plaisir du jeu et le fair-play doivent être au centre de la mêlée. Des bobos, il y en a, mais on ne peut pas dire qu’ils soient plus nombreux que dans d’autres sports. Le rugby sait aussi tenir compte de tous les profils : du petit au grand, du fluet au plus corpulent, chacun y a sa place, sans distinction de genre. C’est donc une excellente école d’intégration, et, pour celui ou celle qui est complexé/e par son physique, il/elle trouvera certainement dans le rugby une activité saine, rassurante et motivante. Et c’est ça qui est chouette. Les gamins reviennent dépensés, pleins de terre, contents de leur jeu. Quand je vois mon fils qui piaffe d’impatience de reprendre ses entraînements – pandémie oblige – je me dis que finalement le rugby, bien loin de l’image du sport de brute ou de truand que l’on se fait, mérite d’être plus connu, non ?