Ville Lumière
Hébétude, sidération et incrédulité devant une telle haine froide.
La brutalité de l’acte perpétré par DAECH le week-end dernier à Paris nous a tous touchés par-delà les frontières, car il a été porté au cœur de chacun de nous, pour ne pas dire dans notre chair même. Nous avons tous profité du soleil et de l’amitié autour d’une table et d’un bon verre sur la terrasse peuplée d’un bistrot quelconque ; nous avons tous passé une belle partie de la nuit à écouter quelques musiciens dans une salle de concert bondée comme il y en a tant, et nous avons tous suivi un match avec la ferveur qui se doit au milieu de la foule chauffée à blanc. Des lieux qui ne se différencient pas vraiment l’un de l’autre : un stade reste un stade, une guinguette ne ressemble jamais autant qu’à un autre troquet, une salle de concert à une autre. Le seul point commun est que nous y allons tous pour une unique raison : y trouver la vie, l’amour ou tout simplement l’amusement. Une candeur qui mettra du temps à revenir…
La donne a changé. L’anéantissement de tours gigantesques représentant le capitalisme dans toute sa splendeur ou l’assassinat de chantres de la liberté d’expression ne suffit plus. De l’attaque de monuments symboles de liberté ou de pouvoir, le terrorisme est passé à l’attaque du petit quotidien de nos vies simples, détruisant nos existences bien ordinaires, et qui plus est, dans les lieux mêmes où nous essayons de rendre la vie extraordinaire ; il s’en prend aux petits symboles de la vie elle-même… l’obscurantisme aura-t-il eu tort de s’attaquer à la Ville Lumière ?…
Nota bene : Une attaque sur la Tour Eiffel aurait été plus appropriée et aurait eu une portée bien plus symbolique pour ces fanatiques, si ce n’avait été ce léger manque de goût de sang qu’ils semblent apprécier… Il me plaît toutefois à penser que ce symbole est maintenant doublement vivant et porte de nouvelles valeurs, celles de l’amitié, de l’amour et plus simplement de la vie.
« Mehr Licht ! » clamait Goethe…