A la rencontre des gens d’ici :
Christelle à Chexbres

Georges Pop | « Lorsque j’étais petite, je ne me voyais absolument pas prendre la tête de l’entreprise familiale. Mais vers dix-huit ans, après avoir voyagé avec ma sœur Mélanie, je me suis dit que ce domaine offrait une chance qu’il ne fallait pas laisser passer. C’est ainsi que j’ai fini par en prendre la direction »
Aujourd’hui, à 43 ans, Christelle Conne tient fermement la barre de la Cave Champ de Clos, à Chexbres. « Ma famille cultive la vigne sur les pentes de Lavaux depuis le XVe siècle. Mes grands-parents puis mes parents se sont beaucoup investis pour développer le domaine familial. Je ne voulais pas que tout s’arrête après eux », explique-t-elle, avec un large sourire. Des regrets ? « Non ! Au contraire, j’adore ce travail, même si ce n’est pas toujours facile ».
Il est vrai que les journées de cette femme dynamique sont bien pleines. Outre celles de Lavaux, le domaine possède des vignes dans le Chablais, ainsi que dans le Nord vaudois, au bord du lac de Neuchâtel. L’élégant caveau de Chexbres, qui s’ouvre magnifiquement sur le Léman et les Alpes, permet d’accueillir une cinquantaine de convives pour des dégustations, des apéritifs ou des repas. Les caves, quant à elles, installées à Puidoux, ont une capacité d’encavages de 200’000 litres. De plus, issue de l’école de tourisme de Sierre, Christelle Conne est active dans l’œnotourisme et reçoit, à la belle saison, des groupes de visiteurs venus des quatre coins du monde qui s’extasient devant ce si beau coin de pays. « Tout cela exige beaucoup de travail, mais je suis bien entourée », reconnaît-elle.
Manifestement la dame de Champ de Clos n’est pas du genre à se plaindre. Pressée de questions, elle finit tout de même par admettre que les deux dernières années n’ont pas été faciles : « C’est vrai ! Les vignes n’ont pas été épargnées par le mildiou, le gel et la grêle. Comme tous les vignerons, nous avons eu des moments très difficiles. Et puis les mesures sanitaires nous ont privés de touristes. Mais ça redémarre gentiment: les Américains sont de retour. En revanche, pour les Asiatiques, il nous faut encore attendre. Avant la pandémie, nous avions des groupes qui venaient de Chine, de Taiwan, de Corée du Sud et du Japon… De ce côté-là, c’est encore au point mort ».
Petite consolation : la clientèle locale est
restée fidèle. Il est vrai que le domaine, si cher au cœur de Christelle, a plutôt bonne réputation, comme en témoignent les prix décrochés ces dernières années. Outre son chasselas et son pinot noir, le domaine offre du gamaret, du garanoir, du merlot et de l’ancellota pour les rouges, ainsi que du gewürztraminer, du chardonnay et du sauvignon blanc pour les spécialités blanches. Les terres du Nord vaudois offrent, quant à elles, un excellent oeil de perdrix. « Comme la
plupart des vignerons, nous avons passé un mauvais moment. J’étais inquiète. Mais nous espérons que maintenant, tout ça est derrière », conclut avec
optimisme cette accueillante maman de deux charmants bambins.