81e Bol d’Or dantesque

Jamais je n’avais vu autant d’équipages en mode survie
Christian Dick | 196 concurrents ont franchi la ligne d’arrivée sur 482 équipages inscrits. C’est dire si les conditions étaient dantesques. Lors de la remise des prix, Pierre Girod, président de la Société nautique de Genève, et Rodolphe Gautier, président du comité d’organisation du BOM, ont qualifié les conditions, pourtant annoncées aux régatiers vendredi soir lors du briefing, de démentielles. Les deux présidents ont également félicité la qualité des navigateurs, aucun n’ayant été blessé dans la tempête. Quelques navigateurs ont pourtant été observés en état de choc lors de leur retour et ont bénéficié d’un soutien. Du matériel a en revanche subi de sérieux dommages et la liste des abandons avoisine les deux-tiers des participants.
L’orage a été d’une rare violence
La visibilité était si mauvaise qu’on ne distinguait aucun rivage. On suivait un cap à l’est, plus ou moins celui des vagues, et croisé des dizaines de voiliers en perdition. Des bateaux aux voiles déchirées croisaient
non loin, qu’il fallait à tout prix éviter malgré une incapacité presque totale à barrer autrement qu’en suivant le lit de la tempête, tellement les vagues étaient impressionnantes. Des voiliers avaient chaviré. L’équipage attendait sur la coque. Dû à l’orage, notre mât a encore sifflé durant une heure comme vibrent en altitude les piolets des alpinistes, et dû au froid, nous étions tous habillés presque comme en hiver. Les habits n’ont séché que dimanche dans l’après-midi.
A terre, le local de la Nautique a été littéralement dévasté.
Après la tempête, clairement, les navigateurs du groupe qui nous entourait au large d’Evian, n’ont que péniblement repris la course. On se demandait l’étendue des dégâts, si elle allait continuer. Jamais je n’avais vu autant d’équipages en mode survie, de voiliers aux voiles déchirées, de feux de détresse lancés en l’air. Pouvait-on encore se servir d’un natel ?
Pourtant, lors des résultats, on nous apprenait que l’équipe de sauvetage avait fait un travail remarquable. Au milieu du lac, des catamarans, pour la plupart, rentraient à la Nautique, sans mâts, tractés par des bateaux à moteur munis du pavillon officiel.
Résultats
Ladycat à Dona Bertarelli, barré par Yann Guichard, a terminé 1er et remporté le 81e Bol d’Or, suivi de Ylliam à Bertrand Demole et d’Alinghi à Ernesto Bertarelli. Les 7 premiers sont des D35 dont c’était la dernière participation officielle.
Quelques navigateurs locaux se sont distingués. François Bopp du CN Pully sur Marguerite Cashmere Outsider 5 obtient une remarquable 16e place au classement général et termine 2e des monocoques les plus rapides, les TCFX, derrière Libera, le voilier hongrois à 14 équipiers. Il précède François Thorens du CV Vevey-La Tour sur TBS, un autre Psaros 40.
Yasha Samuraï, un Melges 32 à Michel Glaus termine 30e au classement général et premier dans la catégorie des monocoques rapides, les TCF 1. A son bord comme équipier, le voilier bien connu des navigateurs, Patrick Mégroz à Puidoux.
Sur Little Nemo à Alfred Borter, Nicolas Wildbolz, équipier habitant Chexbres, termine 1er dans la catégorie des Grand Surprise et 38e au classement général.
Le Prix Mirabaud fêtait son bicentenaire. A cette occasion, il devait récompenser le 200e concurrent. Or, seuls 196 concurrents ont franchi la ligne d’arrivée. C’est à ce dernier qu’a été remise la récompense.
Ceux qui auront participé à cette 81e édition s’en souviendront. Ami lecteur à terre, peut-être que vous aussi.