« Le Jeu de la Dame, The Queen’s Gambit »
Minisérie du réalisateur – scénariste Scott Frank

Colette Ramsauer | Dans l’univers des films en streaming, « Le jeu de la Dame », minisérie admirablement rythmée en sept épisodes sur Netflix depuis octobre dernier, fait un tabac. Inspirée du roman éponyme de l’écrivain américain Walter Tevis publié en 1983, une fiction relate la vie sur une quinzaine d’années de Elisabeth Harmon, joueuse d’échecs surdouée. Amalgame d’addictions, d’hallucinations et de dépassement de soi, son histoire plane dans l’irréalité. Baignées dans le décor des années 60, de nombreuses séquences réservent de bons moments.
Success story
L’orphelinat qui accueille la jeune Beth administre quotidiennement des tranquillisants à ses protégées. Dans ce contexte de dépendance, la gamine se découvre dès l’âge de 9 ans un don pour les échecs auprès du concierge de l’établissement (Bill Camp, inspecteur Garrity dans Jocker) ) qui lui apprend les règles du jeu. Passionnée pour la littérature en ce domaine, elle découvre dans un placard poussiéreux un ouvrage du maître cubain José Raùl Capablanca. Adoptée à l’âge de 13 ans par un couple d’inconscients, Beth Harmon construira seule sa carrière, bien que fragilisée par le passé traumatisant de sa petite enfance qui revient en flash-backs tout au long des épisodes. A chaque fois qu’elle affronte ses propres démons, qu’elle s’impose dans l’univers masculin du Jeu des rois ou qu’elle applique ses stratégies avec le même sang froid à ses problèmes relationnels et financiers, le suspense est assuré! Une diagonale du fou, une véritable success story chère aux Américains! Le réalisateur Scott Frank, scénariste fréquemment primé, s’inspire du roman de Walter Tevis, auteur de science-fiction et de roman noir, lui-même joueur d’échecs et alcoolique.

Hauts-lieux des compétitions
Pas nécessaire de connaître les échecs pour apprécier la série. De Lexington dans le Kentucky, Beth ne tarde pas à dépasser les frontières. Elle nous emmène dans le New York, Mexico, Paris, Moscou des années 60. Elle nous invite sur l’échiquier à des ouvertures célèbres, la Sicilienne et autre Queen Gambit. Pour le film, les parties ont été étudiées par des maîtres dont Garry Kasparov. Les rencontres nous font découvrir les mentalités et les traditions d’un monde fermé en occident et très populaire en Russie sur des lieux fictifs n’empêchant pas la découverte, comme à Berlin, celle du hall du Théâtre Friedrichstadt Palast, servant de lieu de compétition internationale … à Mexico !

Telle une héroïne de Manga
Visage lisse, yeux immenses, silhouette parfaite à l’image des héroïnes de Manga, lance-fer d’une nouvelle génération, Beth Harmon impressionne par son jeu sur l’échiquier et son glamour dans un monde plutôt austère. Elle soigne son look, traumatisée par l’habillement de l’orphelinat, elle s’habille désormais haute couture. Et cela jusqu’à un happy-end surprenant, émouvant, parfaitement réussi.
Actrice prolifique
Le personnage de Beth Harmon - à partir de l’âge de 13 ans - est brillamment incarné par l’actrice Anya Taylor-Joy. Agée de 24 ans, l’actrice aux trois nationalités USA, ARG, UK a déjà derrière elle un parcours impressionnant. Elle enchaîne les séries télévisées et les longs métrages depuis 2014. On la retrouvera bientôt dans « The Northman » avec Robert Eggers (The Lighthouse, 2019), le réalisateur qui l’a révélée dans son premier long-métrage
« The Witch », 2015. Pour le tournage chez les Vikings, Anya Taylor-Joy sera entourée de Nicole Kidman, Willem Dafoe, Alexander Skarsgård, la chanteuse Björk et sa fille. Rien que ça !
« Le Jeu de la Dame,The Queen’s Gambit » Du réalisateur - scénariste Scott Franck – Minisérie en 7 épisodes de 50min, 16/16 ans , disponible sur Netflix